joBerg2C 6ème étape

 

Clifton-Glencairn Farm 

Distance : 98km

D+ : 2022m

D- : 1997m

Water Point 1 :32km

Water Point 2 :71km

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Avec Sylvain, nous discutons stratégie pendant le petit déjeuner : comment augmenter ma marge sur Eugene et reprendre du temps à Kristof. En effet, plus les jours passent, plus mes ambitions grandissent : pourquoi ne pas essayer d’aller chercher la 2ème place ?

Vu que depuis quelques jours je n’ai fait que remonter des concurrents après le premier tiers de l’étape, Gruyère Machine me conseille de partir plus fort dès le départ, afin de rester dans un bon groupe avec des gens qui roulent. Oui, facile à dire, car j’ai toujours eu de la peine à envoyer dès les premiers mètres, et cela ne s’arrange pas avec l’âge, surtout ici avec un départ aussi tôt le matin à la fraîche.

Quant à reprendre 12 minutes à Kristof sur les 3 étapes chronométrées qui restent, Sylvain a la solution imparable : yaka lui reprendre plus de 4 minutes chaque jour, c’est tout simple ! Bon sang, mais quel coup de génie, quelle fulgurance dans la réflexion, quelle logique mathématique élémentaire, mais c’est bien sûr ! Pourquoi n’y avais-je pas pensé par moi-même ? Trop malin, ce Sylvain ! Merci du conseil !

A partir d’aujourd’hui, j’augmente aussi le dosage de Sponser : 3 dosettes par gourde au lieu de 2. Je ne remplis qu’une seule gourde avant le départ, pour être le plus léger possible pour le Gumtree Climb, je rajouterai de l’eau dans la deuxième gourde au WP 1. Et prépare un sachet de congélation Ziploc avec ma poudre pour le WP 2. Depuis hier, je ne prends plus mon appareil photo, mais garde la GoPro.

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J’essaie donc de me placer le plus en avant possible sur la ligne, 20 minutes avant le départ. J’ai pris mes manches et mon gilet, car de toute façon je devrai m’arrêter au WP 1 et en plus, en cas de chute d’ici là, ce serait moins la pizza (quel malin aussi, ce Cricri !).

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Corinne

 

 

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Félix

 

 

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Gruyère Machine

 

C’est parti sur route goudronnée vallonnée. Ça frotte, c’est assez casse-gueule avec tous ces grands guidons. Je ne suis pas du tout à l’aise, alors que Georges lui se bidonne et prend même des photos.

Un groupe se forme à l’avant, je suis dans le deuxième groupe, avec entre autres Georges, Félix et Kristof. Derrière, une cassure, tout a explosé rapidement. Un troupeau de vache sur la route provoque un regroupement général, zut ! Ça dure, je me demande même si le deuxième bloc de départ ne va pas nous rattraper.

Puis ça repart, sur gravel road, puis jeep tracks. Ça roule très fort pour moi, je distance les deux Jaunes et reste avec Kristof.

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Nous sommes dans l’approche du Gumtree Climb, un raidard de 2 km très… raide, pardi ! Je me porte à la hauteur de Kristof:

-Hello Kristof, tu te sens fatigué aujourd’hui?

-Oui, assez fatigué, qu’il me répond.

Et je mets alors une dent de moins et appuie pour bien lui montrer que moi pas. La guerre psychologique est déclarée…

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Ça devient vraiment très pentu, mais tout serait montable sur le vélo car il y a deux traces bétonnées pour éviter la caillasse. Dany Singlespeed est le premier à poser le pied, imité par moi-même et les autres sur les passages les plus difficiles. La plupart des concurrents ont maintenant posé le pied.

En haut, km 27, 1h10, tout a explosé, il faut relancer immédiatement sur des singles sur un haut-plateau. Et juste devant moi, il y a Kristof, zut !

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J’arrive à me débarrasser de lui sur un jeep track rapide et déboule sur une gravel road. Le paysage ici ressemble assez à chez nous, avec l’ambiance automnale en prime.

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Au fil des dépassements, j’ai maintenant un petit groupe à mes basques. Je dépense les watts sans compter, derrière tout le monde essaie de s’accrocher un moment, mais je les lâche tous un par un.

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(Juste dans ma roue, Daniel S)

Ça va très vite en faux plat descendant, je me retrouve seul, dommage, mais sans Kristof, ce qui était le but, youpie ! Au milieu d’une grande ligne droite, le poste de ravitaillement.

WP 1, km 32, 1h25, plantage des freins alors que j’arrive à 35 km/h, car il faut que je me débarrasse des manchettes et du gilet et faire remplir la 2ème gourde. Plusieurs concurrents passent à toute vitesse, et à part Daniel S et moi, personne ne s’arrête.

Redépart avec Daniel S en point de mire. Je le rattrape et le double à la pédale, nous nous encourageons mutuellement. Je reviens sur un groupe de 5 ou 6 gars, dont Kristof. Je reste un moment dans les roues pour souffler un peu.

Devant, voilà que ça freine et fait demi-tour : nous avons tous loupé une bifurcation, tous sauf Daniel S, qui s’enfile à toute vitesse sur une route à jeep. Je fais le forcing pour distancer tout mon groupe et revenir sur lui. Des ornières, des gros cailloux, ça va très vite, c’est bien casse-gueule et devant Daniel ne fait pas semblant. Quelques singles vallonnés, j’arrive dans la roue de Daniel et derrière plus personne en vue, surtout pas qui vous savez, yes !

Voilà la grande descente du Harrisson Pass, un très long single pour redescendre de ce haut-plateau perché à 1800 m. C’est plus technique que tout ce que nous avons vu jusqu’ici, avec des épingles très serrées. Habituellement, les virages aussi serrés ne sont pas ma tasse de thé, mais aujourd’hui je ne m’en sors pas si mal.

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Daniel par contre gaze comme un dieu, surtout dans le bas très rapide, avec quelques franchissements qui peuvent surprendre.

Village tribal et gravel road : plus de Daniel en vue. Dommage, ça aurait été mieux de rouler à deux avec quelqu’un de son niveau. Deux ou trois gars à doubler, sur une alternance de pistes vallonnées et singles. Je me sens bien, je me sens fort, je me sens rapide, et je suis devant Kristof, donc mon moral est au zénith.

Une rivière à franchir à gué, à pied pour moi, avec l’eau plus haut que les genoux.

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J’ai la mauvaise idée de pousser le vélo au lieu de le porter. Peu après, la chaine et les pédales commencent à couiner : c’est le km 51 et il en reste 47, je suis un idiot.

Faux-plat montant sur gravel road. Il y a 3 concurrents en rouge. Je double, le plus jeune fait mine de s’accrocher. Pourquoi ne pas m’en faire un allié, ce n’est que la mi-étape et on irait plus vite à deux ? Je lui propose de rouler ensemble et de tirer des relais de 2 minutes chacun. Ok qu’il me répond.

-Si je vais trop vite, dis-le-moi.

-OK.

Je roule, sans appuyer trop fort.

-Too fast, qu’il me crie.

Je rentre une vitesse et l’encourage. Mais non, c’est encore trop vite

Je lui demande son classement, il est 9ème solo, donc juste devant moi. Bon, tant pis pour lui, je pars seul à la pédale.

Ça monte, puis voici l’assez long single Rock’n’Roll. Quel nom original, c’est déjà le 2ème à s’appeler ainsi. Ce nom est toutefois très parlant, c’est une descente plus technique que le Harrisson Pass, avec des pierres qui roulent (sans blague…). Deux concurrents fair-play me laissent doubler, thanks !

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WP 2, km 60, 2h44, un gel, un Boost, une banane in ze poquette, le sachet de Sponser dans la gourde. Pas de Kristof en vue, toujours la grosse pêche.

Encore un petit gué, puis une bonne montée de 500 m d+ en 18 km. D’abord sur une gravel road en chantier, avec un grand nombre d’ouvriers et ouvrières qui ne manquent pas de répondre avec enthousiasme à mes saluts.

La suite sur piste en forêt, un secteur appelé Slow Poison par l’organisateur. Effectivement, de quoi tuer un bonhomme lentement mais sûrement. Celui qui est cuit par ici doit trouver le temps très long. Mais pas moi, j’envoie toujours les watts presque comme au début d’étape. Il fait chaud, par bonheur la plupart du temps on reste à l’ombre. C’est la première fois cette année que la sueur me dégouline sur le visage. Je mange et bois régulièrement et rattrape quelques gars isolés qui n’avancent plus.

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Et qui voilà ? Daniel S arrêté sur le bord de la piste en train de réparer une crevaison. Oh vraiment pas de bol, je suis désolé pour toi Daniel, car tu as super bien roulé jusqu’ici. En réponse, j’ai droit à un sourire las et un Scheisse démoralisé (mon pneu arrière ne va très bien et cela me chagrine quelque peu -traduction libre). Courage Daniel !

Cette montée est vraiment interminable, avec de courts intermèdes à plat ou qui redescendent. Je surveille mon GPS et au km 78 annoncé comme le sommet, j’attrape un bout de Biberli dans ma poche. La bouche pleine, j’attaque la descente par le single Sappi Trail. Enfin attaquer est un grand mot, car dans cette forêt de pins, je n’y vois pas grand-chose avec mes lunettes trop foncées. Demain, j’utiliserai une paire plus claire. En attendant, prudence, les arbres sont serrés et mon guidon est large, d’autant plus que ça fait un bon moment que je n’ai plus vu personne.

On enchaine les singles. Un panneau indique leur nom, du genre Skyfall (je m’attends au pire…), sh-sh-sh-shake me (qui effectivement me secoue à me déchausser les molaires), Pine Sublime (dans… une sublime forêt de pins). Vraiment un bel enchainement, mais que je trouve long sur la fin, c’est un comble.

A nouveau une gravel road, fait chaud, fait soif, tout seul, mais toujours de bonnes jambes. Ma gourde est vide, je profite d’un arrêt « troupeau de vaches sur la route » pour prendre la gourde de derrière qui contient encore un fond et avaler un gel.

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Toujours aucun autre concurrent à l’horizon.

Tout le vélo couine bruyamment, il souffre et moi aussi sur cette piste en plein cagnard et avec une forte réverbération. Heureusement c’est presque plat. Et par bonheur pas encore les heures les plus chaudes. Le fond du peloton va souffrir par ici cet après-midi.

WP 3, km 88, 4h20. Pas fâché d’y arriver. Tout de suite je demande du chain lube. Personne n’en a, et c’est le gars de la jeep Search and Rescue qui trouve dans son bazar un spray lubrifiant. Un grand coup sur la chaine, les pédales et les cleats, pendant que je verse 4 dl Coca/eau dans ma gourde. Encore une banane et go.

Ça monte à nouveau, assez raide. Derrière au loin, il y a trois gars, dont un grand en bleu et noir : est-ce Kristof ? C’est trop loin, je ne distingue pas bien. Allez Cricri, en danseuse, faut relancer ! Je remets une couche de watts, je gaze le plus vite que je peux, je transpire et voilà l’entrée du dernier single, 8 km sans rendement selon mon roadbook collé sur le guidon, dur dur !

C’est balisé en orange sur un tracé différent de la trace GPS. Du coup, je ne sais pas quelle distance il reste, dur pour le moral. Effectivement, pas de rendement, mais joli paysage de prairie et de forêt.

Un pif-paf pour passer de l’autre côté d’une espèce de canal d’irrigation, léger coup de frein arrière pour prendre la bonne trajectoire et rien ne se passe : à 2 cm près, je manque de tomber dans ce trou ! Tcheu, le gars de tout à l’heure m’a aussi sprayé du lubrifiant sur le disque !

Arrivée, accueilli comme d’habitude par Sylvain, arrivé il y a à peine 9 minutes.

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97.9 km, 4h49 à 20.2 de moyenne, 69.8 de max, 135/174 puls, 1800 d+, 1800 d-, 3722 kcal.

Je suis 6ème solo, 2ème master, 25ème au scratch. Une très bonne performance pour moi, je suis très content, j’ai roulé fort du début à la fin, sans coup de mou à aucun moment. Ma meilleure étape depuis le départ sur le plan sportif, et une belle journée en plus, avec beaucoup de singles intéressants.

Et le classement général ? Où est Kristof ? Et Eugene ?

Les 3 gars que j’avais vu sur la route assez loin derrière moi arrivent, et le grand en noir et bleu n’est pas Kristof, ouf ! Celui-ci termine plus loin, à 4’35. J’ai encore 7’43 de retard sur lui. Eugene s’est effondré, le voilà à plus de 22 minutes. Si je suis épargné par les pépins mécaniques et sans grosse défaillance physique, ma place sur le podium est assurée. Demain, j’attaque la 2ème place de Kristof.

Massage, 2 hamburgers géants et sieste d’une heure.

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Le soir : aucun souvenir, je suis trop fatigué. Heureusement il y a la photo.

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(Sylvain, Henri et Félix, toujours hyper concentrés à table…)

 

 

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